dimanche 26 janvier 2014

Le livre du moment : La vérité sur l'affaire Harry Quebert





Le prix Goncourt des Lycéens est une récompense généralement de très bonne qualité. Si on peut parfois être déçu par des Goncourt ou des Médicis, le Goncourt des Lycéens conseil en général des ouvrages faciles d'accès mais très bien écrits et intéressants.
Le cru de 2012, La vérité sur l'Affaire Harry Quebert de Joël Dicker ne déroge pas à la règle. Décidément, les Lycéens ont bon goût. Voici un billet en attendant sa sortie en poche ...




Joël Dicker signe avec ce livre une histoire très américaine. La couverture qui reprend un tableau de Hooper est un choix très pertinent. On nous décrit une Amérique de série télé derrière laquelle se cache une part d'ombre. Mais pas une ombre forcément glauque et sordide comme chez Ellroy. Il s'agit de celle qui est lié à la nature humaine.

En effet, l'Affaire Quebert est avant tout une affaire policière. Harry Quebert est l'un des plus grands auteurs du pays mais qui n'aura vécu et bâtit sa légende que sur l'écriture d'un seul livre. En 1975 il est inculpé du meurtre de Nola Kellergan dans la petite ville du New Hampshire où il s'était isolé pour écrire le dit roman. Mais rien ne permet de prouver sa culpabilité. L'enquête est donc classé.
C'est en 2008 où l'affaire ressurgit. Marcus Goldman, étudiant de Harry et lui même auteur, apprend que son mentor est derrière les barreaux après la découverte de nouvel preuve. Soucieux d'aider son ami et mentor, mais aussi à l'affût d'un nouveau sujet littéraire, Marcus fonce dans le New Hampshire résoudre toutes ces énigmes ...

Bienvenu au New Hampshire, un endroit où il fait bon vivre jusqu'à ce qu'on écrive des bouquins

Ouvrage foisonnant ! Beaucoup de chose se trouve dans ce livre comme le montre ma petite introduction. Beaucoup de mystère sont à élucider dans ce livre. L'enquête policière d'abord. Alors effectivement, l'intrigue est assez classique. Il est difficile aujourd'hui de toutes les façons de bâtir des "mystère policier" véritablement innovant après Agatha Christie et le nombre abondant de série télé qui existe. Mais Dicker réussit bien son pari dans ce domaine. Il assume totalement le côté "série télé" et s'amuse avec les codes. Il les utilise, les sur-utilise et les détourne. L'enquête policière s'avère donc captivante et tout comme Marcus on cherche le coupable.

J'ai une superbe station essence. Elle est proprette et brillante. Par contre je vous garantis pas de ce que vous allez trouver dans les bois ...


L'autre coup de force de l'ouvrage, qui en fait plus qu'une simple enquête, c'est le roman dans le roman. L'ouvrage écrit par Marcus Goldman et par son mentor Harry Quebert sont aussi un objet d'énigme. C'est un vieux thème assez récurrent que le rôle du "poète" depuis l'antiquité. Aujourd'hui c'est le "roman" qui devient un enjeu de réflexion. Il est ici l'instrument qui permet de trouver LA vérité sur l'enquête, sur les hommes et sur soi-même. 
C'est cet aspect introduit par l'auteur qui donne une dimension nouvelle à une histoire qui peut s'avérer très "classique". Elle donne de l'épaisseur à l'intrigue et aux personnages.


Le groupe de lycéens tenu en otage dans un CDI. Ils n'ont pu sortir qu'après avoir lu tout les livres de la sélection et élu leur Goncourt.


Tout les livres ne sont pas parfait. Et La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert a aussi ses défauts. L'un d'entre eux est la répétition de certains éléments du récit. Dicker abuse des répétitions. Alors bien sûr il y a une raison. On est dans l'idée d'une litanie, d'une prière qu'on se répète pour aboutir à la vérité comme les aedes le faisaient dans l'Antiquité ou les religieux au Moyen-Age. Il faut se répéter les écrits pour arriver à en percer les secrets. Les laisser germer, murir ... L'auteur pour faire passer la pilule à recours à la paraphrase. Il espère que de cette manière ces répétitions soient moins pénibles. Ce système reste assez peu pertinent dans un récit policier où le lecteur est surtout avide de nouvelles informations pour résoudre l'énigme qu'on lui propose.


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