mardi 4 février 2014

Actualité : La Théorie du genre


Ca n'a échappé  à personne, la "théorie du genre" enflamme les passions depuis quelque temps. Le complot bolochéviko-footbalistiquo-maçonniquo-médiatiquo-médico-politico-sioniste chercherait à bourrer le moue de nos petites têtes blondes avec cette nouvelle idéologie. Un site regroupant des personnes qui sont contre cette théorie la définit comme (je cite) : "Une théorie niant la réalité biologique pour imposer l'idée que le genre "masculin" ou "féminin" dépend de la culture, voire d'un rapport de force et non d'une quelconque réalité biologique ou anatomique."
Sauf que le théorie du genre c'est pas tout à fait ça. Alors plutôt que de botter en touche comme le font tout le monde en arguant que "la théorie du genre c'est compliqué", essayons de l'expliquer de façon claire, simple et toujours dans la bonne humeur. Coup de projecteur sur une idée qui aujourd'hui fait florès.



De Lacan à la French Theory

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut se pencher sur les études philosophiques qui ont débouchées sur cette théorie du genre. Alors d'abord prenait l'habitude d'utiliser la véritable dénomination qui est anglaise. Elle regroupe de façon artificielle tout les grands philosophes français des années 70. On est généralement d'accord pour dire qu'il n'incarne par réellement un courant de pensée. Néanmoins ils sont tous d'accords sur un point et s'inspire d'un autre philosophe : Lacan. Jacques de son petit prénom. 

Pour Lacan, « L'inconscient est structuré comme un langage ». En bref, un langage induit un certain rapport à notre existence. Le fait que j'utilise le français me confère forcément une vision du monde. On peut par exemple citer les Eskimaux qui ont des centaines de mots pour qualifier la neige alors que nous n'en possédons que quelques uns (poudreuse, neige ...). Notre langage change donc notre rapport au monde, à l'existence, et à nous mêmes. Le langage est à la fois vecteur et structure. Pour l'illustrer, Jacques Lacan utilise l'image du "Hamac" : 

« l'homme qui naît à l'existence a d'abord affaire au langage ; c'est une donnée. Il y est même pris dès avant sa naissance, n'a-t-il pas un état civil ? Oui, l'enfant à naître est déjà, de bout en bout, cerné dans ce hamac de langage qui le reçoit et en même temps l'emprisonne ».

Et ouai jusqu'en 1981 ! C'est la classe ! Mais tout le monde semble avoir oublié Jacques ...

Rappelons que le langage ce n'est pas uniquement la parole. C'est aussi les images, les symboles, les gestes ... Bref tout ce qui pour nous peut avoir "un sens". En gros tout. Cette idée ouvre des perspectives immenses dans les sciences sociales. On est alors dans l'histoire sérielle et sociale. On étudie des chiffres, des statistiques, des faits ... Et là, on se rend compte que la culture, la façon de penser, les symboles ont peut être influencé l'histoire !

Roland Barthes (disciples de Lacan) créé la sémiologie. Il étudie les "mythes". A ses yeux le catch, la voiture, les cosmétiques sont des mythes. Foucault (Michel, pas Jean-Pierre) s'intéresse à la société. Il prouve notamment dans un ouvrage de référence que le prison est né de la vision qu'ont les sociétés du XIXe siècle de la justice. Jusqu'en 1789 celle-ci a pour but de résoudre les problèmes sociaux, à punir, tandis qu'après la Révolution on cherche à surveiller et réinsérer dans la société les condamnés. Raisonnement et argumentation implacable qu'aujourd'hui personne ne viendrait contester. Il réfléchit aussi sur les rapports hommes/femmes dans un de ses ouvrages : le construit des normes.


Roland Barthes et Michal Foucault voient dans cette affiche plein plein de symboles à décrypter. Et vous ?

Les Gender Studies

Bon voila. Pour l'instant je crois qu'on est tous d'accord. Les objets ne sont pas de simples objets. Une cathédrale est l'incarnation d'un inconscient médiéval marqué par la religion. Etudier les mentalités, la façon de penser permet de comprendre certains rouages historiques. Comment comprendre l'adhésion des Allemands au nazisme sans se pencher sur le mythe du "coup de poignard dans le dos" ? Les sciences-sociales le réalisent rapidement et se saisissent de cette méthode d'analyse forgée par les philosophes français. Il nomme ça les cultural studies. Et cette grille d'analyse s'applique à toute communauté partageant le même langage. Ca va de la centaine d'habitants d'un petit village de Dordogne le 16 août 1870 (Alain Corbin, Le village des Cannibales) à un continent entier des origines à nos jours (L'histoire des Femmes en Occident de Duby et Perrot).

Bien. On est bon pour l'instant ? Au fond de la classe c'est compris ? Parce que là on rentre dans la polémique. Alors si ce sujet vous touche personnellement, détendez-vous. Et oui l'une des catégories de ces "études" sont : les Gender studies ou "théorie du genre".

Sacré Plantu !

Bon alors déjà, en anglais on ne parles pas de "théorie" mais "d'étude". En soit le mot "théorie" n'est pas faux parce qu'il a été utilisé pour insinuer qu'il ne s'agit pas d'une loi sociale. Pas de bol, personne ne l'a compris comme ça ...
Quoiqu'il en soit cette catégorie utilise la grille d'analyse que j'ai présenté avant à des catégories sociales qui se caractérisent par leur "genre". Le "genre" c'est ce qui caractérise notre identité. Il y a donc effectivement un "genre" masculin, féminin ... mais pas que ! L'enfant est aussi un genre. Philippe Ariès dans L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime a montré que l'attachement des parents à leurs enfants est apparu avec le contrôle des naissances. Non parce qu'avant on a beaucoup de chance qu'un enfant meure. Donc on s'y attache pas trop. Si l'enfant survit, il est automatiquement traité comme un adulte. Donc, le "genre" de l'enfance n'est apparu qu'au XVIIIe siècle.

Il est indéniable que certains aspects de notre identité, de la façon dont la société nous traite dépend de notre genre. L'homosexualité est aussi un genre dans cette perspective. Un langage, des codes, une différence de traitement existe. Ces différents genres peuvent aussi se rencontrer. C'est le cas de mon image d'illustration où l'ouvrier rencontre la femme. Deux genres qui étaient pourtant diamétralement opposés avant la 1ere Guerre Mondiale. La culture, la façon dont été vu un ouvrier ne coïncidait pas avec celle de la femme.

Un autre "genre" : l'esclave dans l'antiquité romaine qui n'était ni homme ni femme, mais un "objet animé".


Voilà. La "théorie du genre" ce n'est que ça. Une grille d'analyse qui dit que l'identité se construit aussi par notre langage. On est très loin de la citation d'introduction que j'ai utilisée comme amorce. Les analyses qui découlent de cette méthode peuvent être critiquées. Mais rejeter cette grille d'analyse, c'est abolir 60 ans de travaux en sciences sociales qui ont permis de comprendre énormément de choses et de mettre en lumière des pans entiers des comportements humains.Par exemple, si on se base uniquement sur l'analyse biologique, on ne peut expliquer pourquoi peu de femmes artistes ont existé avant le XIXe siècle. Ce n'est pas car elle n'en était pas capable, mais parce que la société, les mentalités leur refusaient ce rôle. L'inspiration et le génie ne pouvait être que masculin.

Si ce sujet vous passionne et si vous voulez allez plus loin, voila un article un peu technique mais qui retrace bien l'histoire de ce courant :http://www.scienceshumaines.com/les-gender-studies-pour-les-nul-le-s_fr_27748.html

Le fondement de cette théorie consiste à nier la réalité biologique pour imposer l’idée que le genre « masculin » ou « féminin » dépend de la culture, voire d’un rapport de force et non d’une quelconque réalité biologique ou anatomique.
Read more at http://www.theoriedugenre.fr/?Qui-sommes-nous#Rvs8rfzy3QWiUMrf.99
Le fondement de cette théorie consiste à nier la réalité biologique pour imposer l’idée que le genre « masculin » ou « féminin » dépend de la culture, voire d’un rapport de force et non d’une quelconque réalité biologique ou anatomique.
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Le fondement de cette théorie consiste à nier la réalité biologique pour imposer l’idée que le genre « masculin » ou « féminin » dépend de la culture, voire d’un rapport de force et non d’une quelconque réalité biologique ou anatomique.
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Le fondement de cette théorie consiste à nier la réalité biologique pour imposer l’idée que le genre « masculin » ou « féminin » dépend de la culture, voire d’un rapport de force et non d’une quelconque réalité biologique ou anatomique.
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Le fondement de cette théorie consiste à nier la réalité biologique pour imposer l’idée que le genre « masculin » ou « féminin » dépend de la culture, voire d’un rapport de force et non d’une quelconque réalité biologique ou anatomique.
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