jeudi 26 décembre 2013

Game of Thrones : (Saison 1) Le jeu des trônes : entre pouvoir et mémoire ?





En 2011 Hbo réalise le rêve de nombreux geek en adaptant l'oeuvre de G.R.R Martin à la télévision : A song of Ice and Fire. Une épopée littéraire qui comprend alors 4 ouvrages : A Game Of Thrones, A Clash of King, A Storm of Sword et A Feast for Crows. La chaine à péage lance la série à succès qu'elle recherchait tant depuis la fin de Rome en 2007. Elle intitule A Game of Thrones. Oui ils ont repris le titre uniquement du premier tome histoire de coller à cette règle d'or du marketing "pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?". A noter qu'en France on a traduit ça par Le Trône de Fer. Histoire d'être sûr de paumer tout le monde.
Quoiqu'il en soit, voila la famille Stark, Baratheon et Lannister projetés sur les petits écrans américains. Le succès est immédiat ! La critique l'encense. L'oeuvre est très riche, c'est pourquoi je m'intéresserai à un seul aspect de la série qui à la fois en fait sa spécificité et la rend si réaliste : le rôle de la mémoire.

Lançons le générique de ce nouvel épisode !


La légende raconte que ce serait un fan de Lego qui aurait fait le générique



Un monde compliqué (épisodes 1 à 5)

Parlons d'abord des sources d'inspiration de l'auteur. G.R.R. Martin (qui semble être la synthèse d'un père noël et d'un pécheur irlandais). Le barbu est un passionné d'histoire et de roman historique. L'un de ses livres préférés est d'ailleurs un roman historique français, Les Rois Maudits de Maurice Druon. Le monsieur à bon goût. On retrouve dans A Song of Ice and Fire (ou Game Of Thrones ... ou Le Trône de Fer) ces influences. Ce goût pour le complot politique, et l'importance du contexte social, économique ...

Je vous présente G.R.R. Martin. Son oeil malicieux trahit ses futures entourloupes.


Quand on commence la série on est plongé dans un univers inconnu : Westeros. De nombreux personnages, règles et lieux sont à assimiler. Si le début est rude, on se rend vite compte qu'on est pas dans un univers qui brille par son originalité. Il s'agit d'un monde médiéval tel qu'on se le représente communément. Des châteaux, des chevaliers, des rois, des princesses, de l'honneur ... On est pas vraiment surpris. Quelques éléments atypiques viennent s'insérer (des morts-vivants dès la première scène ...) Mais Westeros ressemble à l'Angleterre, le Mur du Nord fait penser au mur d'Hadrien, les Dothrakis ont quelques chose des Huns ... Martin s'inspire de divers éléments historiques qu'il récupère et traite à sa façon. 

La série cherche à simplifier au maximum le nombre de personnages pour rendre la série compréhensible (et c'est plutôt un bon point pour elle). A tel point d'ailleurs que le site HBO diffuse régulièrement des infographies sur son site internet pour faciliter le visionnage de la série.

On devrait pas s'ennuyer avec tout ce beau monde...

 Les premiers épisodes prennent donc le temps de mettre en place le décor. D'expliquer qui est qui. Quel est le rôle de chaque famille et quelle est son histoire. Le coup de maître est d'avoir dès la fin du premier épisode de mis en place un événement qui fixe un enjeu dramatique (secondaire en fait dans l'histoire) mais qui retient l'intérêt du spectateur. On y découvre aussi un grand nombre de lieux : Winterfell, le Mur, Vaes Dothrak, Port-Réal, les Eyriés ... Bref on plante le décor. Le générique est d'ailleurs là pour rappeler les lieux qui seront visités pour que le spectateur ne se perde pas.  Mais, on ne nous présente pas tout !On prend aussi soin de cacher un grand nombre de lieux et de faits ...

L'autre élément sur lequel la série s'attarde est ce qui s'est passé avant. En fait deux histoires nous sont racontées. Celle qui a permis au roi Robert d'arriver au pouvoir et l'histoire même de son royaume. On comprend que la disparition de la dynastie précédente possède encore un poids non négligeable.

Tu te souviens Ned quand on courait la gueuse, qu'on pouvait tuer qui on voulait ! Quelle chouette époque !

En effet un des éléments fondamentaux qui sous-tend la série et lui donne son réalisme, c'est la mémoire. De nombreux mystères hérités du passé peuvent exploser dans le présent ! Le mariage de Robert est ainsi un désastre à cause du souvenir de Lyanna, la soeur de Ned qui aurait été violée par l'ancien Prince Raeghar Targaryen. Jon Snow qui ignore qui est sa mère et qui est détestée par Catelyn Stark à cause du souvenir cuisant qu'elle en garde (oui le personnage de Jon Snow fait partie de ceux que la vie met toujours dans des situations pas possibles). Jaime Lannister dit le Régicide qui fait flipper tout le monde et passe pour un  sanguinaire car il a tué le roi qu'il devait protéger Aerys Le Fou (avec un surnom comme ça en même temps on pouvait imaginer qu'il finirait mal).
On pourrait multiplier encore les exemples. L'important c'est voir que c'est véritablement la mémoire qu'on a des événements qui pèsent dans le monde du Trône de Fer (ou de Game of Throne ... enfin bon vous savez). Le fait qu'on doute de l'existence des Marcheurs Blancs est dramatique pour le Royaume et la Garde de Nuit puisqu'elle la met dans une situation de fragilité que ce soit sur le Mur ou à l'intérieur de Westeros.


Pouvoir et mémoire (épisode 5 à 9)

Martin dans son oeuvre s'intéresse principalement à la nature du pouvoir. Or comme on l'a vu précédemment, celui qui possède le pouvoir peut façonner la mémoire. Ainsi la plupart des personnages de la saison 1 cherche à exhumer différentes "mémoires" et vérités. Ned Stark traque le meurtrier de l'ancienne Main (et en fait se met à chercher .... ce que cherchait la Main elle-même !). Tyrion perfectionne le guide du routard et le dictionnaire des vieilles légendes de Westeros. Jon fuit la sienne. Daenerys tente d'être la Reine qu'on a cessé de lui dire qu'elle devrait être ... Bref, tout les personnages tentent de faire évoluer cette mémoire. Elle est en effet enjeu de pouvoir. 

Et c'est là qu'intervient celui qui justement se contrefiche de toutes ces questions. Pour lui, c'est un truc de faible. Si vous avez lu ces lignes jusqu'à maintenant vous savez de qui je parle ! Le Roi Joeffrey Baratheon !

Je viens d'inventer une toute nouvelle philosophie politique  :  le crétinisme

Ses décisions qui ne reposent sur rien plongent Westeros dans la guerre. Ses agissement finissent par supplanter dans une certaines mesure les éléments mémoriaux précédents. Ainsi les ennemis d'hier peuvent devenir les amis d'aujourd'hui. Les intérêts politiques obligent à composer avec une nouvelle mémoire. 

Un monde qui bascule ? (8 à 10)

Au final, Westeros bascule complètement. On ne peut le comprendre qu'en ayant assimilé le contexte et ces fameux enjeux mémoriaux. Le chambardement que représente l'épisode 9 permet de laisser dans l'ombre certains éléments de la guerre précédente. De nombreux personnages, on le devine, chercheront à profiter du nouvel ordre qui se met en place. 
Le meilleur exemple de ce que j'avance est la scène de massacre des bâtards présumés de Robert. Ces meurtres marquent la volonté de faire sombrer dans l'oublie le règne précédent. Sauf que les Lannister ne parviennent pas à éradiquer totalement les preuves. Et l'on devine que cette mémoire peut ressurgir à tout moment en la personne de Gendry si il est instrumentalisé par les bonnes personnes.  

C'est l'une des autres astuces de la série ! Les personnages les plus anodins peuvent devenir des éléments subversifs ou importants dans les stratégies des différentes maisons. 


Robb Stark :  Maman, tu crois que Lord Frey se souvient qu'on peut pas le piffer et qu'on a pas répondu à ses textos depuis 40 ans ?
Catelyn Stark : Tu penses bien qu'on lui aurait répondu si on avait deviné qu'être bien avec un douanier sur un pont pouvait être important !


La saison 1 n'est donc en fait qu'une longue introduction. Les derniers évènements donnent naissance à une guerre où plusieurs "temps" se mêlent. Mestre Pycelle rappelle qu'au final le pouvoir reste le pouvoir. Que la situation qu'il vit n'est toujours que l'héritage d'une précédente. Et que chaque période est marquée par la volonté des puissants de rester puissant et des autres de s'élever. 

Les enjeux et le décor sont plantés. Après ce long descriptif il ne reste plus qu'à se concentrer sur ce qui véritablement taraude Martin dans A Song of Ice and Fire : la nature du pouvoir.

mercredi 25 décembre 2013

Inside Llewyn Davis : une Odyssée moderne



Cet automne est sorti en France le dernier film des frères Cohen. Me voila donc partis avec un pote sans savoir de quoi traite le film (oui je sais, je suis un foufou). J'ai retrouvé sans surprise un film des frères Cohen. Les mêmes thèmes que d'habitude sont présents, déclinés dans le milieu de la musique folk américaine des années 50.
Pourtant mon entourage n'a pas aimé le film. Leur argument étant que ça ne raconte rien ... Or ce film me semble très riche au contraire. Le thème du voyage (et de l'Odyssée) a toujours été très présent chez les frères Cohen. O'Brothers est celui où la parenté est la plus marquée, mais ce dernier ne fait pas exception ! Petite analyse d'un film plus riche qu'il n'y parait !

  Llewyn Davis, un Ulysse moderne



1ère indice : on a la vrai Ulysse dans le film (et les chats font toujours le buzz sur internet).

On apprend vers la fin du film que "le chat" se prénomme Ulysse. Tout comme Llewyn (oui je l'appelle par son petit nom) ils errent dans New York. Se croisant, s'évitant et croyant se retrouver. Ethan et Joël confirme donc que leur film est bien une Odyssée. 

L'autre confirmation de cette inspiration est la trame de l'histoire elle-même. Llewyn rencontre un grand nombre d'individus. Certains renvoient dans une certaine mesure aux monstres mythologiques qu'Ulysse affronte. Le personnage joué par John Goodman peut faire penser au monstre Polyphème par sa brutalité, sa démesure et son appétit gargantuesque. C'est d'ailleurs les aspects principaux qui ressorte lors de sa description par Homère plus que son oeuil unique :

Chant IX : "C'est là que notre monstre humain avait son gîte; c'est là qu'il vivait seul, à paître ses troupeaux, fréquentant personne, mais toujours à l'écart et ne pensant qu'au crime. Ah ! le monstre étonnant ! il n'avait rien d'un bon mangeur de pain, d'un homme : on aurait dit plutôt quelque pic forestier qu'on voit se détacher sur le sommet des monts."

 Le long trajet dans la nuit noire rappelle quant à lui le passage où Ulysse doit accomplir un sacrifice chez les Cimmériens et ramener le jour pour continuer sa route (Llewyn d'ailleurs accomplit lui aussi un sacrifice durant ce trajet ...). On pourrait multiplier les exemples à profusion mais ce serait dévoiler tout le film. Bref les mythes et les symboles de l'oeuvre antique sont subtilement détournées et modernisées pour faire de cette semaine une semaine de voyage, d'évolution et de changements pour Llewyn.

La coupe au bol : un élément esthétique tendance de l'antiquité à aujourd'hui.

Certains personnages et certains passages flirtent avec l'absurde. La scène d'ouverture et de fermeture du film renvoie à la structure de l'Odyssée qui forme elle aussi une boucle (Départ/arrivée de Télémaque). Sans dévoiler l'intrigue du film, certaines personnes agissent "bizarrement". Comme si elles étaient en dehors des conventions et des lois de la société. Cette représentation est similaire à celle des divinités telles que les imaginaient les grecques. Toujours présent, impossible à identifier pour les mortels, et pourtant déterminant dans le destin des hommes ... Or ce qui caractérise Ulysse c'est qu'il est le jouet de dieux capricieux et déraisonnables. Tout comme Llewyn Davis qui a du talent, qui souhaite en vivre et ne cesse de cherche sa place. 

Chant I : "C'est l'Homme aux mille tours, Muse, qu'il faut me dire, Celui qui tant erra quand, de Troade, il eut pillé la ville sainte, Celui qui visita les cités de tant d'hommes et connut leur esprit, Celui qui, sur les mers, passa par tant d'angoisses, en luttant pour survivre et ramener ses gens. Hélas ! Même à ce prix, tout son désir ne put sauver son équipage [...]."

On peut néanmoins avancer un argument contraire. Llewyn Davis ne cherche pas à rentrer chez lui. Certes, mais l'important n'est pas le retour en soit, mais le sentiment qu'il entraîne chez l'individu. C'est ce que les grecques anciens nommaient nostalgia

Des héros nostalgiques




Que ce soit chez Ulysse ou chez Llewyn Davis les deux oeuvres sont empreintes d'une forte nostalgie. Pour les grecques se terme signifiait "le regret de la patrie abandonnée". Aujourd'hui, dans notre monde actuel, le terme renvoie plutôt à un sentiment de manque, de quelque chose qui a été perdu. C'est la musique dans l'oeuvre des frères Cohen qui porte cette signification. Le New-Yorkais dans ses chansons ne cesse de faire référence à des personnes disparues. Ses chants sont empreints d'une forte nostalgie.On retrouve aussi cette impression dans la réalisation et dans les images très léchées des frères Cohen. Des plans larges, vides, avec son héros au centre. 

Tu la sens la "nostalgie" là ? Le sentiment de vide ? Du gars paumé ?


La musique est un élément majeur du film. Llewyn est guitariste. Il vit pour et par son art. Là encore difficile de ne pas faire un parallèle. Déjà notre ami guitariste est aussi chanteur. Et ses chansons pour lui c'est sacré! Rappelons que l'Odyssée est un poème. Un texte récité par les aèdes probablement accompagnée de musique. Ulysse se fait lui même conteur dans les chants IX à XI.
La musique est un éléments particulier pour les grecques. Elle établit un pont entre le sacré et le profane, entre le monde des dieux et le monde des humains. Le passage des sirènes de l'Odyssée montre que la musique confère un "pouvoir" sur les hommes. Le passage d'Homère montre que leur chant tisse un pont entre les humains et un "savoir" extraordinaire.

Allez les gars, sortez les guitares ! On va faire un boeuf.


Chant XII : Le Choeur : "Viens ici ! Viens à nous ! Ulysse tant vanté ! l'honneur de l'Achaïe !... Arrête ton croiseur et viens écouter nos voix ! Jamais un noir vaisseaux n'a doublé notre cap, sans ouïr les doux airs qui sortent de nos lèvres; puis on s'en va content et plus riche en savoir, car nous savons les maux, tous les maux que les dieux, dans les champs de Troade, ont infligé aux gens d'Argos et de Troie, et nous savons aussi tout ce que voit passer la terre nourricière."

Llewyn Davis, un anti-héros


Mais le pouvoir de Llewyn est limité. Si on reconnait son talent, Llewyn n'arrive pas à percer (c'est tout le sujet du film, et je ne vous dirai pas si il y parvient). Il se heurte continuellement aux hommes eux-même qui lui disent "coco, t'as le truc, mais t'es pas vendeur". Il y a une critique de notre monde contemporain. Comme si le chanteur était un anachronisme. Un être "trop" grand, "trop" héroïque pour arriver à s'exprimer totalement.


J'y suis pour rien si Youtube reprend la même image qu'en haut !


Ulysse pour le coup est totalement intégrée dans son monde. Il est un chef, un exemple à suivre. D'ailleurs lorsqu'on ne l'écoute pas la sanction est immédiate. C'est la mort. Le Chant I exprime clairement la responsabilité des hommes . Zeus expliquent que les hommes sont les propres artisans de leur malheur.

Chant I : Zeus : "Ah! Misère ! Ecoutez les mortels mettre en cause les dieux ! C'est de nous, disent-ils, que leur viennent les maux, quand eux, en vérité, par leur propre sottise, aggravent les malheurs assignés par le sort."

Ainsi, que ce soit l'équipage d'Ulysse ou les prétendants, tous connaissent la mort car ils ne respectent pas la "loi" qui consiste à exécuter les ordres de leur roi. La parole du roi est en accord avec les règles de la nature comme le confirme Zeus et le Choeur. Les hommes et les dieux sont soumis au "Sort", à la "Fortune". C'est elle qui guide les destinées. Mais les hommes ont le choix. Ils sont donc responsables de leur malheur. Ulysse est l'exemple de l'homme qui malgré un coup du sort se relève, tandis que l'équipage est celui d'une humanité qui persiste dans l'erreur.

Dad is home ! 

Le monde n'a de cesse de rappeler à Llewyn Davis qu'il est un anachronisme. Que sa liberté forcenée n'a pas lieu d'être dans l'Amérique des années 50. Là encore la charge n'est pas anodine. Elle est très lourde. Les Cohen adresse une critique à l'archétype américain du "clochard céleste" de Jack Kerouac. N'est-il pas lui même l'auteur d'une Odyssée moderne : Sur la route, qui fonda le genre road-trip

Les frères Cohen dresse donc l'Odyssée d'un personnage, mais aussi d'une certaine Amérique.Ils avaient rencontré le succès avec No Country for Old Men tiré du livre de McCarty dont les oeuvres sont une critique de ce libéralisme amorcée par les beatniks dans les années 50.

mardi 24 décembre 2013

Des "classiques" à lire et à relire (1)



Récemment la question m'a été posée de dresser une liste d'oeuvres "à lire".  Dans un premier temps on peut se demander ce qu'est une oeuvre "à lire". On pense immédiatement à un ouvrage que tout honnête homme comme disait les Romains devrait connaître. Il s'agit dès lors de lire non pas pour le plaisir  mais pour l'intérêt culturel qu'il suscite.
Il y a ensuite les livres qui justement ne présentent aucun intérêt culturel véritable et qui pourtant sont plaisant à lire et touche un large public. Conseiller à des non lecteurs des ouvrages compliqués, profonds et hermétiques c'est d'abord risquer de les rebuter. Tout les livres ne se lisent pas de la même manière ni au même âge de la vie.

C'est pourquoi dans ce premier billet, je me proposerai de suggérer des oeuvres qui me paraissent fondamentales à lire, tout en étant plaisante. Car en effet, les deux peuvent être compatibles ! Et du coup j'expliquerai en quoi elles peuvent être captivantes et considérées comme des classiques.


Le comte de Monte-Cristo (Alexandre Dumas)


En 1818, un jeune marin de 19 ans Edmond Dantès descend du navire Le Pharaon à Marseille. Le jeune homme a plutôt la belle vie. Une petite amie catalane, des amis et un avenir qui lui semble souriant. Les histoires du retour de Napoléon de l'île d'Elbe ne l'intéresse pas vraiment. Et c'est bien dommage car l'éclipse du roi Louis XVIII face à l'empereur donne l'occasion à ses amis de trahir le pauvre Edmond ...
Edmond n'aura dès lors plus qu'une idée en tête ... se venger !

Ne vous y fiez pas. Edmond est beaucoup plus en colère que sur la jaquette. 

Les histoires de vengeance sont généralement toujours très porteuses. Mais là, c'est vraiment la référence. La simple évocation du Comte de Monte-Cristo, du château d'if, ou d'Edmond Dantès font surgir dans notre imaginaire des images romanesques. Mais attention, on est ici dans le roman noir. L'écriture est fluide, moderne. C'est un plaisir de suivre les stratagèmes des différents protagonistes.
De plus, beaucoup de films, de séries se sont inspirés du livre. Mais aucun ne suit fidèlement le roman tellement celui-ci est bien pensé (et à quel point il va loin dans le politiquement incorrect).
Bref, un roman "classique" qui se lit comme un polar.



Crime et châtiment (Dostoïevsky) 


Une vieille logeuse et sa soeur font tuées par Raskolnikov, un ancien étudiant de Saint-Petersbourg.

On l'a compris, les éditeurs aiment bien mettre des portraits de types inconnus sur les "classiques".


Oui, l'histoire se résume en une phrase. Sauf que Dostoïevsky est un auteur génial. De ce simple fait divers il analyse sa société, la psychologie humaine, la portée philosophique du geste de Raskolnikov. On peut le lire au 1er degré, comme une simple enquête. Mais l'auteur lui va tellement plus loin ...
Une oeuvre riche donc, palpitante et accessible comparé à ses autres oeuvres. Aujourd'hui encore Crime et châtiment reste LE livre de l'auteur russe.




Les Misérables (Victor Hugo)

L'action se situe après la bataille de Waterloo de 1815 et se termine après les révoltes de 1832. Le roman suit la destinée du bagnard Jean Valjean de sa sortie du bagne à sa mort. 


Cosette. En Chine au XXe on fait faire des Nike aux enfants, en France au XIXe ils entretenaient des auberges ...

Hugo disait lui même de cet ouvrage : « Ma conviction est que ce livre sera un des principaux sommets, sinon le principal, de mon œuvre». Si certaines oeuvres comme L'homme qui rit par leur style littéraire sont difficilement accessibles, Les Misérables se lit facilement. Hugo cherche à y dépeindre la misère humaine, qu'elle soit humaine, morale ou économique. Mais pour bien la souligner et la nuancer il cherche aussi à montrer ce qui fait la grandeur de l'homme. Les miséreux ne sont pas forcément ceux que l'ont pense.


Russel Crowe après avoir participé à la comédie musicale Les misérables ... un massacre.


Preuve en est, l'oeuvre d'Hugo est l'une des plus adaptée au monde. Les anglo-saxons l'ont décliné sous forme de films, de comédie-musicale, de pièce de théâtre et j'en passe. Néanmoins, aucun n'arrive à la cheville du roman. Celui-ci fourmille de petits détails qui donne une toute autre dimension à l'oeuvre. Plus qu'une simple histoire, Hugo (Victor pour les intimes) nous livre sa vision de l'être humain et de la vie. Ne succombez pas aux sirènes Hollywoodiennes et lisez le livre !  




L'Iliade et l'Odyssée (Homère)

L'Iliade raconte l'épique guerre de Troie qui oppose les Achéens (des grecques ... de Grèce) aux Troyens (des grecques de Turquie) pour récupérer la femme du roi Ménélas, Hélène. 
L'Odyssée raconte le voyage de retour d'un des héros achéens, Odysseus (mieux connu sous nos latitudes sous le nom d'Ulysse).



Vous êtes sûrs qu'on s'est pas planté d'itinéraire ? Le guide du Routard parlait pas de femmes volantes ...


Pourquoi faut-il lire l'Iliade et l'Odyssée ? Tout simplement car avec cet oeuvre on est aux origines de notre civilisation. Le voyage, l'aventure, l'évolution psychologique des personnages, l'héroïsme, l'astuce ... Tout ce qui fait le sel des films et de la littérature actuel se retrouve dans les récits d'Homère. Plus encore, d'autres livre comme Ulysse de James Joyce ne peuvent être lus ni compris sans que l'on connaisse les péripéties du père de Télémaque. Avec Homère on est à la source de la littérature occidentale. 
Le reproche que l'ont peut faire à ces deux ouvrages et leur style forcément un peu "sec". Qu'Homère ait existé ou non, il s'agit de poèmes destinés à être récités par fragments. Mais pour les plus fainéants il existe pléthore d'édition qui propose des résumés ou le même récit dans une forme plus simple. 




Hamlet (Shakespeare) 

Danemark. Château d'Elseneur. Le royaume vient de perdre son roi. Son frère Claudius lui a succédé. Attristé par la mort de son père, le prince Hamlet erre dans les jardins du château. Soudain, son fantôme s'adresse à lui. Le roi a été tué par son frère ! 


T'as de beaux yeux tu sais !


Une oeuvre déterminante dans l'histoire de la littérature. Hamlet se lis et se relis toujours différemment. Chaque époque y a d'ailleurs toujours vu un Hamlet différent : fou, génial, vengeur, poète ... Il est et restera une énigme littéraire.


To be read or not to be read, that is the question ...

Toute l'oeuvre regorge de citations connues que l'on retrouve dans la culture populaire. Il s'agit d'un incontournable.



à suivre ...