Marie-Antoinette (plus que son mari Louis XVI) fascine. Si pour les historiens le regard se porte sur les origines de la Révolution, c'est la reine d'origine autrichienne qui passionne les artistes. Des films comme Marie-Antoinette de Sofia Coppola et le récent Les Adieux à la Reine délivre des portraits fictionnels. Qui était véritablement Marie-Antoinette qui dut faire face aux troubles révolutionnaires ? Stefan Zweig en 1933 rédige un ouvrage qui cherche à y répondre de bien meilleurs façon que ces deux films. C'est le conseil littérature du jour (et le dézinguage de deux films pour le même prix).
Stefan Zweig est un auteur autrichien né en 1881 et mort en 1942 au Brésil. Auteur de talent Zweig écrit de nombreux ouvrage comme Le joueur d'échec, 24 heures de la vie d'une femme, La pitié dangereuse ...Ses oeuvres se caractérisent par son regard aiguisé de la psychologie humaine. L'autrichien se passionne pour l'être humain. Ses origines autrichiennes et la découverte de nouvelles sources le pousse à s'intéresser à Marie-Antoinette et à signer une autobiographie de grande qualité.
L'oeuvre de Zweig est intéressante car elle dispose de nombreux d'atouts. Le style littéraire est d'abord simple, facile à lire et très beau. Ensuite, en retraçant la vie de Marie-Antoinette, on suit tout simplement les évènements qui vont déclencher la Révolution française et conduire à la fin de la monarchie absolue. C'est un donc un moyen efficace de se plonger dans une des pages les plus passionnantes de l'histoire de France sans tomber dans des oeuvres spécialisées difficiles à lire. Enfin, Zweig utilise la méthode historique telle que les historiens l'ont élaborée au XIXe siècle. Je le détaillerai un peu plus loin, le livre comporte des erreurs et des lacunes, mais elles sont visibles et peuvent être rapidement relevées car elles ne s'appuient par sur la méthode historique qu'il utilise dans le reste de l'oeuvre.
Marie-Antoinette comme je l'ai précisé avant est un personnage qui fascine. Le problème de l'oeuvre de Zweig est pourtant de mettre trop l'accent ... sur Marie-Antoinette. Il oublie de s'intéresser à d'autres aspects qui sont à la source de la Révolution : le poids des idées nouvelles, les contingences économiques, les intrigues ministérielles ... Mais on peut difficilement lui en vouloir tant le travail pour démêler tout ces aspects ont demandé un travail colossal aux historiens. Aujourd'hui encore cette question est sujette à débats et controverses. C'est une des ces questions passionnantes de l'histoire, comment en est-on arrivé à la fin d'un régime politique et sociale d'une telle longévité ? Zweig sans rentrer dans le compliqué donne de nombreuses clefs. C'est déjà pas mal.
Louis XVI est particulièrement "raté" dans ce livre. Si le portrait psychologique de la reine est réussi celui du roi caricatural. On reste sur la vision du roi mou, indécis et incapable de prendre une décision. La réalité historique est tout autre. Louis XVI était un roi réfléchi, studieux, méthodique. Il pouvait même faire preuve de charisme comme lorsqu'il est acclamé à l'ouverture des Etats-Généraux. Le tort de ce roi c'est avant tout d'avoir fait preuve d'autorité quand il fallait négocier et d'avoir négocié quand il fallait faire preuve d'autorité. Zweig tombe donc involontairement le travers classique qui est de se concentrer sur la reine et oublier que celle-ci était dépourvue de pouvoir politique réel. Elle cristallise la surface des évènements qui est la détérioration de l'image royale et non les ressorts qui conduisent à la chute de la monarchie. Marc Bloch dans Les rois Thaumaturges montre bien que cette détérioration semblait inexorable.
L'autre travers de Zweig est d'utiliser parfois à outrance la psychologie. Bon je l'ai dis plus haut c'est sa spécialité, on est dans les années 30, il est donc normal de retrouver ce genre d'analyse. Il faut néanmoins battre en brèche certaines idées reçues qui ont la vie dure et que l'on retrouve encore dans des oeuvres de fictions actuelles. Elles sont hérités des pamphlets révolutionnaires parisiens qui allait ne pouvant s'en prendre en roi ont trainé la reine dans la boue.
Zweig est le premier à avoir démontré l'erreur de ces thèses. Rappelons que les révolutionnaires sont allé très loin puis qu'ils ont accusé la reine (à tort évidemment) d'avoir même couché avec son fils. Le seul amant possible que Marie-Antoinette aurait pu avoir et Alexandre Von Fersen. Le film de Sofia Coppola reprend ce stéréotype. Un film sur Versailles où l'on voit des macarons parisiens inventés au XIX siècle et des baskets est forcément à éviter.
Les textes montrent clairement qu'un lien particulier les unit. Mais comme le montre les relations que Marie-Antoinette a entretenu avec la Du Barry il semble inconcevable qu'elle-même ait pu céder à ce genre de tentation pour des raisons morales. L'étiquette était aussi trop rigide pour lui permettre ce genre de fantaisie.
Voici un point impossible à éclaircir. On dispose néanmoins de certains éléments pour éclairer la question. Dans les premiers heures de son mariage il est évident que Marie-Antoinette ne nourrissait pas une passion ardente pour Louis XVI. Les premières années sont difficiles. Louis XVI possède des problèmes de santé qui rend l'établissement intime et complice compliqué pour ne pas dire impossible.
La naissance de Louis-Joseph en 1781 changea leur rapport. Marie-Antoinette goutait avec plaisir à la vie de famille. Ces derniers mots sur l'échafaud d'ailleurs fut pour son royal mari et ses enfants qu'elle allait rejoindre. Pas pour sa mère qu'elle adorait la grande Marie-Thérèse d'Autriche, ni pour ses amis ou ses soi-disant amants, mais bien pour sa famille. On peut donc supposer qu'à sa manière la reine éprouvait de l'amour pour son mari.
Un point qui synthétise les autres. Oui Marie-Antoinette était frivole, mais jusqu'à un certain point. On lui prête une image de reine qui se désintéresse du peuple. Un film assez récent d'ailleurs dresse ce portrait : Les Adieux à la Reine. Alors je tiens à le dire, ce film est un purge historique !
Alors déjà, Diane Kruger en reine de France qui parle avec un accent allemand ... Cherchez l'erreur. Ensuite le film raconte comment la reine va utiliser sa "liseuse" (pas le kindle d'amazon, une personne qui lit des livres pour quelqu'un, je précise car Marie-Antoinette avait autant de chance d'avoir l'un que l'autre vu que la reine savait lire et n'avait pas besoin qu'on lui fasse la lecture ...) pour permettre à son amie Madame de Polignac de s'échapper d'un Versailles bientôt en proie aux troubles de l'été 1789. A ce moment Marie-Antoinette est décrite comme une femme frivole ne cherchant qu'à sauver cette femme qu'elle aime tendrement. Amour homosexuel suggéré avec la grâce et la légèreté d'une lanceuse de poids soviétique d'ailleurs. Je vous renvoie aux points précédents sur la véracité du propos. Personnellement, j'ai pleuré des larmes de sang à ce moment là. Si c'était ça le thème du film fallait prendre quelqu'un d'autre que Marie-Antoinette ...
C'est un beau ratage car la vérité historique est plus triste et plus poignante. Marie-Antoinette passe effectivement à côté de la révolution. Mais pas par frivolité. En effet 3 jours après l'ouverture des Etats-Généraux le couple royale doit faire face à une véritable tragédie. La mort de leur enfant chéri âgé de 7 ans : Louis-Joseph.
La reine n'est donc pas un personnage monolithique, et le livre de Zweig le montre bien. Un individu n'est pas frivole toute sa vie durant. C'est le cas de Marie-Antoinette. La Révolution est un moment qui éclaire le monde et l'histoire de l'humanité. Aujourd'hui encore cet événement retentit. Et Marie-Antoinette, sous les feux de la rampe, a été à la mesure de l'événement historique. Sa légende a écrasé l'individu. Avec Zweig on retrouve l'être humain qui s'avère plus simple et plus touchant que ce que certains films essaient de nous montrer.
Stefan Zweig est un auteur autrichien né en 1881 et mort en 1942 au Brésil. Auteur de talent Zweig écrit de nombreux ouvrage comme Le joueur d'échec, 24 heures de la vie d'une femme, La pitié dangereuse ...Ses oeuvres se caractérisent par son regard aiguisé de la psychologie humaine. L'autrichien se passionne pour l'être humain. Ses origines autrichiennes et la découverte de nouvelles sources le pousse à s'intéresser à Marie-Antoinette et à signer une autobiographie de grande qualité.
Stefan Zweig. Petites lunettes, faux col, raie sur le côté ... Un vrai délégué de classe |
L'oeuvre de Zweig est intéressante car elle dispose de nombreux d'atouts. Le style littéraire est d'abord simple, facile à lire et très beau. Ensuite, en retraçant la vie de Marie-Antoinette, on suit tout simplement les évènements qui vont déclencher la Révolution française et conduire à la fin de la monarchie absolue. C'est un donc un moyen efficace de se plonger dans une des pages les plus passionnantes de l'histoire de France sans tomber dans des oeuvres spécialisées difficiles à lire. Enfin, Zweig utilise la méthode historique telle que les historiens l'ont élaborée au XIXe siècle. Je le détaillerai un peu plus loin, le livre comporte des erreurs et des lacunes, mais elles sont visibles et peuvent être rapidement relevées car elles ne s'appuient par sur la méthode historique qu'il utilise dans le reste de l'oeuvre.
Marie-Antoinette comme je l'ai précisé avant est un personnage qui fascine. Le problème de l'oeuvre de Zweig est pourtant de mettre trop l'accent ... sur Marie-Antoinette. Il oublie de s'intéresser à d'autres aspects qui sont à la source de la Révolution : le poids des idées nouvelles, les contingences économiques, les intrigues ministérielles ... Mais on peut difficilement lui en vouloir tant le travail pour démêler tout ces aspects ont demandé un travail colossal aux historiens. Aujourd'hui encore cette question est sujette à débats et controverses. C'est une des ces questions passionnantes de l'histoire, comment en est-on arrivé à la fin d'un régime politique et sociale d'une telle longévité ? Zweig sans rentrer dans le compliqué donne de nombreuses clefs. C'est déjà pas mal.
Louis XVI, fan de géographie, d'histoire et de serrurie |
Louis XVI est particulièrement "raté" dans ce livre. Si le portrait psychologique de la reine est réussi celui du roi caricatural. On reste sur la vision du roi mou, indécis et incapable de prendre une décision. La réalité historique est tout autre. Louis XVI était un roi réfléchi, studieux, méthodique. Il pouvait même faire preuve de charisme comme lorsqu'il est acclamé à l'ouverture des Etats-Généraux. Le tort de ce roi c'est avant tout d'avoir fait preuve d'autorité quand il fallait négocier et d'avoir négocié quand il fallait faire preuve d'autorité. Zweig tombe donc involontairement le travers classique qui est de se concentrer sur la reine et oublier que celle-ci était dépourvue de pouvoir politique réel. Elle cristallise la surface des évènements qui est la détérioration de l'image royale et non les ressorts qui conduisent à la chute de la monarchie. Marc Bloch dans Les rois Thaumaturges montre bien que cette détérioration semblait inexorable.
L'autre travers de Zweig est d'utiliser parfois à outrance la psychologie. Bon je l'ai dis plus haut c'est sa spécialité, on est dans les années 30, il est donc normal de retrouver ce genre d'analyse. Il faut néanmoins battre en brèche certaines idées reçues qui ont la vie dure et que l'on retrouve encore dans des oeuvres de fictions actuelles. Elles sont hérités des pamphlets révolutionnaires parisiens qui allait ne pouvant s'en prendre en roi ont trainé la reine dans la boue.
1°) Marie-Antoinette avait des amants .... beaucoup ...
Zweig est le premier à avoir démontré l'erreur de ces thèses. Rappelons que les révolutionnaires sont allé très loin puis qu'ils ont accusé la reine (à tort évidemment) d'avoir même couché avec son fils. Le seul amant possible que Marie-Antoinette aurait pu avoir et Alexandre Von Fersen. Le film de Sofia Coppola reprend ce stéréotype. Un film sur Versailles où l'on voit des macarons parisiens inventés au XIX siècle et des baskets est forcément à éviter.
Ce film est déconseillée aux diabétique. Trop de sucre et de guimauve |
Les textes montrent clairement qu'un lien particulier les unit. Mais comme le montre les relations que Marie-Antoinette a entretenu avec la Du Barry il semble inconcevable qu'elle-même ait pu céder à ce genre de tentation pour des raisons morales. L'étiquette était aussi trop rigide pour lui permettre ce genre de fantaisie.
2°) Marie-Antoinette et Louis XVI ne s'aimaient pas.
Voici un point impossible à éclaircir. On dispose néanmoins de certains éléments pour éclairer la question. Dans les premiers heures de son mariage il est évident que Marie-Antoinette ne nourrissait pas une passion ardente pour Louis XVI. Les premières années sont difficiles. Louis XVI possède des problèmes de santé qui rend l'établissement intime et complice compliqué pour ne pas dire impossible.
La naissance de Louis-Joseph en 1781 changea leur rapport. Marie-Antoinette goutait avec plaisir à la vie de famille. Ces derniers mots sur l'échafaud d'ailleurs fut pour son royal mari et ses enfants qu'elle allait rejoindre. Pas pour sa mère qu'elle adorait la grande Marie-Thérèse d'Autriche, ni pour ses amis ou ses soi-disant amants, mais bien pour sa famille. On peut donc supposer qu'à sa manière la reine éprouvait de l'amour pour son mari.
3°) Marie-Antoinette était frivole
Un point qui synthétise les autres. Oui Marie-Antoinette était frivole, mais jusqu'à un certain point. On lui prête une image de reine qui se désintéresse du peuple. Un film assez récent d'ailleurs dresse ce portrait : Les Adieux à la Reine. Alors je tiens à le dire, ce film est un purge historique !
Même l'affiche est moche à en pleurer |
Alors déjà, Diane Kruger en reine de France qui parle avec un accent allemand ... Cherchez l'erreur. Ensuite le film raconte comment la reine va utiliser sa "liseuse" (pas le kindle d'amazon, une personne qui lit des livres pour quelqu'un, je précise car Marie-Antoinette avait autant de chance d'avoir l'un que l'autre vu que la reine savait lire et n'avait pas besoin qu'on lui fasse la lecture ...) pour permettre à son amie Madame de Polignac de s'échapper d'un Versailles bientôt en proie aux troubles de l'été 1789. A ce moment Marie-Antoinette est décrite comme une femme frivole ne cherchant qu'à sauver cette femme qu'elle aime tendrement. Amour homosexuel suggéré avec la grâce et la légèreté d'une lanceuse de poids soviétique d'ailleurs. Je vous renvoie aux points précédents sur la véracité du propos. Personnellement, j'ai pleuré des larmes de sang à ce moment là. Si c'était ça le thème du film fallait prendre quelqu'un d'autre que Marie-Antoinette ...
C'est un beau ratage car la vérité historique est plus triste et plus poignante. Marie-Antoinette passe effectivement à côté de la révolution. Mais pas par frivolité. En effet 3 jours après l'ouverture des Etats-Généraux le couple royale doit faire face à une véritable tragédie. La mort de leur enfant chéri âgé de 7 ans : Louis-Joseph.
La reine n'est donc pas un personnage monolithique, et le livre de Zweig le montre bien. Un individu n'est pas frivole toute sa vie durant. C'est le cas de Marie-Antoinette. La Révolution est un moment qui éclaire le monde et l'histoire de l'humanité. Aujourd'hui encore cet événement retentit. Et Marie-Antoinette, sous les feux de la rampe, a été à la mesure de l'événement historique. Sa légende a écrasé l'individu. Avec Zweig on retrouve l'être humain qui s'avère plus simple et plus touchant que ce que certains films essaient de nous montrer.
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