Après un long XIXe siècle, passons à un billet et une période beaucoup plus courte : celle des guerres qui agitent la Chine de 1927 à 1949, Elle permettent au communisme de triompher, et déterminent le contexte du début du cours de terminal.
1927-1937 : La 1ere guerre civile
La République de Tchang Kaï-chek : un régime corrompu
Tchang Kaï-chek (ou Jiǎng Jièshí) |
A partir de ces années, Tchang Kaï-chek lance des expéditions dans le nord pour assurer son pouvoir dans les territoires dirigés par des seigneurs de guerre. En 1928 le pouvoir de l'Etat semble restauré. La capitale est installée à Nankin. Dans les faits le pays restent en fait partagés entre seigneurs de guerre et des conseils politiques régionaux. Seules les plaines alluviales du Yangzi sont véritablement controlées comme le montre la carte 1.
Au sud les communistes chinois n'ont de cesse de harceler le pouvoir en place depuis 1927. Trotski avançait en effet que la situation en Chine ne pouvait permettre au communisme de triompher. Staline attise donc le feu révolutionnaire. Si des révoltes disparates ont lieu elles sont rapidement écrasées comme à Canton en 1927. Le Sud offre néanmoins un soutien important au communiste, mais éloigné de son allié soviétique.
Cette lutte affaiblit le Guomindang qui exclu de son parti tous les éléments jugés trop "à gauche". Le parti devient ainsi un parti de fonctionnaires, militaires et policiers qui n'ont pas les moyens de moderniser le pays que ce soit au niveau social comme on l'a vu, économique (la crise de 1929 qui touche toute l'Asie en 1931 n'arrange rien), mais aussi politique. L'Etat et son administration s'enlise dans la dictature incapable d'évoluer vers un régime constitutionnel comme le prévoit pourtant le programme du Guomindang.
Tchang Kaï-chek devant le morcellement de son parti déclare lui-même en 1937 :
"Notre parti n'est pratiquement plus qu'une carcasse vide, dépourvue de toute substance réelle. La forme du parti subsiste, l'esprit du parti est quasiment vide."
Le PCC et la République soviétique chinoise
En 1931 Mao décide de proclamer la République soviétique chinoise dans la province de Jiangxi. Alors que le population rurale et au bord de la famine (1/4 voir 1/3 des revenus des paysans part dans l'impôt, avec un revenu et un rendement agricole très bas) les communistes lancent une réforme agraire.
Mais le Guomindang ne reste pas les bras croisés et lancent entre 1930 et 1933 4 campagnes militaires qui échouent. Mao Zedong et Lin Biao mettent en place une stratégie de guérilla que son Armée Rouge applique avec discipline.
Mais en 1934 la cinquième campagne du Guomindang est décidement trop importante. Les communistes sont obligé d'abandonner le Jiangxi. Mais pour aller où ? Dans le Nord, près de l'allié soviétique : dans le Shanxi. C'est un épisode historique mais qui deviendra mythique qui se prépare : la longue marche.
La Longue marche (1934-1935)
Mao pendant la longue marche : "On est bientôt arrivé ?" |
Cet épisode hors du commun battit la légende des communistes. Mao Zedong, Lin Biao et Zhou Enlai vont en un an faire parcourir 12 000 km. Des 100 000 hommes qui partent du Jianxi, seuls 7 000 survivront. Cette longue marche a tout d'une Odyssée. Les partisans de Mao doivent affronter la nature, les montagnes, les plaines, les seigneurs de guerre, les hommes du Guomindang ... De nombreux épisodes sont restés dans les mémoires comme le passage du pont suspendus de Luding sous la mitraille ennemi.
Les 7 000 hommes qui survivent à cette longue marche sont des héros. Les dirigeants du PCC jouissent d'une aura surnaturelle, mythique. Les anonymes se forgent des caractère endurcis, entrainés, forts et unis. Leur adhésion à leurs chefs et sans faille qui tranche avec les forces des seigneurs de guerre ou du Guomindang désunis et éclaté selon les intérêts de chacun.
Enfin au terme de cette longue marche, Mao s'impose comme le dirigeant absolu du PCC et de cette République soviétique chinoise. Il fait fructifier sa légende.
Un nouvel acteur : le Japon
En 1931 la crise économique qui touche le Japon le fait porter son regard vers l'est. Dominé par un régime militariste, l'expansion et la domination de nouveau territoire pour faire venir des matières 1ere et relancer l'économie semble le choix le plus pertinent. La situation catastrophique dans laquelle se trouve le Chine en fait une proie de choix.
C'est la Mandchourie qui aiguise l'appétit nippon. Berceau de la dynastie précédente les Qing, L'armée japonaise y envoie des troupe après l'incident de Mukden en 1931 (base de l'histoire de Tintin et le Lotus Bleu) et restaure ... l'empereur Puyi sur le trône. La légende dit que les Japonais l'auraient fournis abondamment en opium. Ce sont bien les hommes de l'empereur Hiro Hito qui dirigent ce territoire : le Mondchoukouo. Idem en Mongolie où une principauté est rétablit dirigé par le prince De, mais bel et bien aux mains des hommes du Yamato.
Tchang Kaï-chek et le Guomindang laisse faire. Il cherche d'abord a unifier les territoires qu'il occupe déjà (et on a vu que y avait déjà un gros boulot à ce niveau là). Il faut comprendre que Tchang Kaï-chek préfère s'attaquer aux communistes "d'abord" et aux Japonais "ensuite". C'est une erreur. Du 9 au 16 décembre 1935 des étudiants pékinois se soulèvent pour protester contre l'avancée nipponedans la région de Pékin. On l'a vu dans le billet précédent, cette avancée étrangère rappelle la menace des puissances occidentales (dont les concessions existent d'ailleurs toujours à l'époque !).
A partir de cette date, Mao et ses hommes décident de s'attaquer aux Japonais. D'abord pour pouvoir appuyer le caractère nationale de sa nouvelle doctrine, ensuite car le PCC fait parti de la IIIe internationale. Staline décide donc de "la ligne du parti". Moscou pour contenir l'avancée nippone sur son territoire envoie donc les Chinois se frotter à ses ennemis.
1937-1949: Deux guerres pour le prix d'une ?
L'offensive nippone
Finalement les forces communistes et du Guomindang parviennent à un accord de non-aggression.
Le 7 juillet 1937 après l'indicent du pont Marco-Polo près de Pékin la Chine sombre dans la guerre avec le Japon, qui se superpose à la guerre civile entre nationalistes et communistes.
Si l'armée japonaise est moins nombreuse, sa prédominance technologique est indéniable. Face aux chars, aux chasseurs zéro et aux bombardiers, l'infanterie chinoise se fait laminer. Les plaines du nord sont prises en Juillet. En octobre l'armée chinoise perd 60% de son effectif : soit 270 000 hommes. Deux débarquements permettent aux Japonais de prendre l'armée chinoise en tenaille.
Le 13 décembre 1937 la capitale de Nankin est prise. Les soldats japonais s'adonnent à une violence sans pareil pendant 6 semaines. On dénombre 20 000 cas de viols et autour de 100 000 morts (civils compris). Cet épisode tragique et surtout symbolique pèse aujourd'hui encore entre les gouvernements chinois et japonais.
Mais les nationalistes ne sont pas en reste. En 19387 dans la région du Henan le Guomindang n'hésite pas à faire sauter les digues du fleuve jaune pour ralentir l'armée nippone ! 4 millions de Chinois doivent partir, des centaines de millions de morts ... cette région soutiendra par la suite radicalement vers Mao.
La capitale ne cesse de reculer. Elle s'installera finalement à Chongquing en 1939 pour ne plus bouger jusqu'en 1945.
Un conflit qui s'enlise
On l'aura compris l'invasion japonaise n'a pas une fin politique. Elle atteint ses objectifs : faire main basse sur les ressources chinoises. Elle préfèrera poursuivre après 1939 vers le Sud que de concentrer ses forces sur la capitale de Chongquing. Le PCC est quand à lui clairement perçu comme un front secondaire à maintenir, et non pas à percer. De plus elle se heurte a une détermination chinoise forte pétrit de patriotisme.
La guerre recompose les forces en vigueur en Chine qui se compose de 3 Chines : la Chine occupé (territoire nippon), la Chine rouge (territoire communiste) et la Chine libre (la République de Tchang Kaï-chek).
A partir de 1941 et l'ouverture du front Tokyo-Washington, le Guomindang n'hésite pas à réouvrir les hostilités avec les communistes ...
Le 15 août 1945, bien que vainqueur en Chine sur le plan militaire, les Japonais offrent leur rédition aux nationalistes. Tchang Kaï-chek apparait donc comme vainqueur ce qui autorise la Chine à demeurer comme membre permanent au conseil de sécurité de l'ONU. On remarque aussi que sur le plan de la diplomatie internationale la Chine, c'est la République du Guomindang.
Le PCC et la guerre
Après l'offensive de 1940 les communistes restent sur la défensive. Ils n'ont pas les moyens de vaincre les Japonais et la stratégie de guérilla n'est pas adaptée à l'offensive. Mais on l'a vu cette campagne permet aux communistes de profiter d'une aura de parti patriotique.
Mao profite de cette période pour asseoir son pouvoir au sein du PCC. De 1942 à 1944 il élimine toute personne aux idées "trop occidentale". Il re-théorise le marxisme en prônant non pas une révolution prolétarienne qui reposerait sur l'ouvrier mais sur le paysan. Cette doctrine porte même son nom : le maoïsme. Et cette idée plait beaucoup aux paysans. D'autant plus que comme on l'a vu ces derniers ne sont pas spécialement aidé par le Guomindang. Très vite un véritable culte de sa personnalité se développe. Après cette phase de renforcement a lieu la phase d'expansion.
Le repli du Guomindang au sud permet aux communistes du PCC du nord de s'installer, d'asseoir leur pouvoir entre 1943 et 1944. Les communistes apparaissent comme les véritables défenseurs de la population chinoise contre l'envahisseur nippon. Elle profite en fait du désintérêt de ces derniers pour les territoires qu'ils administrent. De plus ne portant plus d'offensives après 1940 ils n'ont aucun intérêt à s'attaquer à eux.
1945 - 1949 : la 2e guerre civile
Une guerre entre nationalistes et communistes
Après la reddition des Japonais, une conférence est organisé par les USA le 11 octobre 1945 pour trouver un compromis entre Guomindang et Communistes. Mais ni les uns ni les autres ne le souhaite. Chacun pensent pouvoir triompher. Les USA dans ce contexte de guerre froide soutiennent par défaut Tchan Kaï Chek. Les consignes du secrétaire d'Etat Dean Acheson est révélateur de la position des Yankees :
Les nationalistes décident de porter la guerre sur le front de la Mandchourie. Grave erreur. La position des communistes et de Mao depuis la longue marche y sont très forte ! Tchang Kai Tchek le sait et veut récupérer ces territoires perdus et forts tant qu'il dispose de l'aide américaine."S'efforcer d'éviter la guerre civile par un compromis entre les deux parties, tout en aidant les nationalistes à établir leur autorité sur une portion de la Chine aussi vaste que possible."
Les premiers combats à partir de mai 1946 donne raison aux nationalistes. A 4 millions de soldats contre 1 million du côté des communistes cette 1ere phase n'est pas surprenante. Mais à partir de 1947 commence la "bataille de la Mandchourie"qui se travaille en piège mortel pour les nationalistes. 500 000 soldats (et des meilleurs éléments) de l'armée du Guomindang tombent. Dans la plaine du Nord c'est une autre bataille qui fait perdre en 1948-1949 qui emporte un demi millions de soldats nationalistes. Finalement en 1949 les villes sont prises les unes après les autres. Mao rentre finalement le 1er octobre 1949 dans Pékin. Sur la place Tien'anmen déclare officiellement la République populaire de Chine, régime toujours en place aujourd'hui.
Causes et conséquences
De nombreuses causes expliquent la chute du régime du Guomindang, mais on observe l'importance l'opposition des étudiants contre celui-ci. Un autre aspect important est l'alliance des Etats-Unis avec les nationalistes. En 1946 une étudiante de l'université de Pékin est violée par des marines. Des manifestations étudiantes anti-Guomindang et américaines ont lieu. Ils ne sont pas communistes pour autant comme l'atteste de nombreux sondages. En parallèle on assiste à la renaissance du mouvement ouvrier en 1946.
L'aide financière américaine aura eut l'effet pervers d'augmenter l'inflation en Chine et d'aggraver la crise économique qu'elle subit.
L'adhésion de nombreuses personnes comme certains libéraux se fait enver le parti communiste par défaut. Le PCC semble en effet le seul qui a à coeur de moderniser le pays. Oui il est autoritaire, oui il est communiste, mais c'est le seul qui veut faire avancer le pays dans l'Histoire. Ils mettent en place par exemple dans le Yan'an une réforme agraire. Mao déclare d'ailleurs vouloir allez plus loin et réformer et moderniser les milieux urbains.
En 1949 donc le PCC incarne la restauration de l'autorité, de la modernisation et d'une administration étatique efficace. Bref l'avancée dans l'histoire qu'attendent les Chinois depuis le XIXe siècle ! Qu'importe le prix et l'idéologie qui s'y rattache.
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